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Photo du rédacteurludovicgermont

Ca fait froid dans le dos

Dernière mise à jour : 25 févr.






Voilà un sujet extrêmement délicat, qui est difficile à aborder et que vous n’avez pas envie de connaître. Et pour bien comprendre pourquoi on en arrive là, on va remonter à la fin du XIXème siècle aux USA. Le Dr W.S. Halsted, chirurgien, a fondé un programme de formation chirurgical qui a été repris dans tous les États Unis et dans le monde entier. Selon ses directives, pour être un bon chirurgien, on doit travailler des heures et des heures d’affilé, comme pour automatiser les actes et soins. Vu qu’il avait lui-même une capacité surhumaine pour rester éveillé pendant des jours, il considérait que tout le monde pouvait et devait suivre ce rythme. Après sa mort, on apprit qu’il consommait de la cocaine, ce qui expliqua en parti sa résistance à la fatigue.

Jusqu’en 2006 en France, on obligeait les internes à travailler plus de 30h d’affilé. C’est encore le cas dans de nombreuses écoles aux USA. Les internes français ont obtenu un repos obligatoire après une garde de 24h, non sans mal et c’est peu de le dire. Leurs pairs qui avaient subit ce rythme pendant leurs propres études les considéraient comme des fénéants de ne pas vouloir s’y plier. Aucune autre profession n’aurait l’audace de demander à des humains de travailler 32h à la suite. Et pour cause, ce n’est pas sans risque ! C’est pas comme si la vie des gens pouvait être en jeu.

Il y a eut évidemment de très nombreuses études sur le sujet, et les résultats ont de quoi faire un peu peur.

Les étudiants aux usa travaillant plus de 30h d’affilés

- commettent 36% d’erreurs médicales de plus.

- 460% d’erreurs de diagnostic en unité de soins intensifs.

- 20% des étudiants feront des erreurs entraînant des blessures significatives au patient.

- 5% des internes tueront un patient en raison de leur manque de sommeil.

Les erreurs médicales aux USA sont la troisième cause de mort après les crises cardiaques et le cancer.

- 73% de risques qu’ils se piquent avec une seringue ou se coupent avec un scalpel.

- 168% qu’ils aient un accident de voiture en rentrant chez eux.

- 170% d’augmentation du risque de commettre une erreur chirurgicale chez un chirurgien ayant dormi moins de 6h (mais le risque de départ est très faible heureusement).


Alors la bonne nouvelle c’est qu’en France, au moins, nos internes ont gagné le droit de se reposer. Et que certaines écoles ont aux USA permis la même chose ce qui a réduit de 20% les blessures des patients et de 400 à 600% les erreurs de diagnostic. On peut minimiser ces chiffres en considérant à juste titre que les internes sont chappautés par des praticiens hospitaliers (Ph), et donc qu’une partie des erreurs ont pu être évité. Cependant la réalité de l’hôpital est que les médecins, chirurgiens, urgentistes, internes, infirmières… sont en sous effectifs, souvent à la limite du burn out, et que cela reste très préoccupant. Une solution serait simplement que tout le monde prenne conscience qu’il est urgent de bien dormir en quantité car cela diminuerait un bon nombre d’hospitalisations. La privation volontaire ou pas de sommeil est un problème grave de santé publique, il faut que ce soit un sujet, il faut changer les mentalités et les croyances à ce propos.

Dans une prochaine vidéo j’interviewerais une ancienne interne qui a vécu le combat du repos compensateur. Une vidéo à ne pas louper.


Source: Walker M. Pourquoi nous dormons? Édition découverte 2018 p496-506


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